Les récents progrès dans le traitement des cancers du poumon sont liés à l'arrivée des « thérapies ciblées ». Celles-ci agissent par un mécanisme ciblé sur des anomalies biologiques présentes dans des sous-groupes de cancers. Aujourd'hui, il est possible d'identifier une anomalie biologique ou mutation dans environ 40 % des cancers bronchiques non à petites cellules, permettant d'envisager un traitement « à la carte » pour ces patients.
La classification histologique des cancers bronchiques repose sur la différence d’aspect des cellules cancéreuses au microscope. Celle-ci aboutit à la classification en « cancer à petites cellules » et « cancer non à petites cellules ». Les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) sont les plus fréquents et représentent environ 80 % des cancers bronchiques. Ils regroupent les cancers épidermoïdes (environ 40 %), les adénocarcinomes (environ 30 %) et les carcinomes à grandes cellules.
Classification moléculaire des cancers bronchiques non à petites cellules - Principales mutations identifiées - (Adapté de la publication Lung cancer: current therapies and new targeted treatments de Fred R. Hirsch et al. - Lancet 2017;389:299-311)
Cancer Bronchique à Petites Cellules
Au cours de ces dernières années, la découverte de mutations dans les tumeurs pulmonaires de patients a permis l’établissement d’une nouvelle classification dite moléculaire des cancers bronchiques.
Les principales mutations découvertes concernent des récepteurs membranaires présents à la surface des cellules, comme des mutations de l’EGFR (17 %), des mutations de KRAS (25 %), un remaniement ALK (7 %), une amplification de MET (3 %), une mutation de HER2 (2 %) ou des mutations de BRAF (2 %). Pour certaines de ces mutations, des thérapies ciblées sont disponibles.
La pratique de la recherche des mutations du CBNPC fait intervenir des techniques de biologie moléculaire. Elle est réalisée à partir d’échantillons tumoraux prélevés lors d’une biopsie ou de la chirurgie si celle-ci a eu lieu. L’analyse se fait par séquençage du gène cible qui permet de déterminer la présence ou l’absence d’une mutation recherchée.
Cancer Du Poumon Et Facteurs De Risque • Cancer Environnement
La recherche des mutations est réalisée au sein de 28 plateformes de génétique moléculaire des cancers réparties sur toute la France et soutenues par l’Institut National du Cancer (INCa).
Ces plateformes ont pour vocation de réaliser les tests moléculaires innovants pour l’ensemble des patients de leur région, quel que soit l’établissement de prise en charge (hôpital, centre de lutte contre le cancer ou clinique privée). L’échantillon à analyser est envoyé à la plateforme par le laboratoire d’anatomopathologie de l’établissement.
Les mutations du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR pour epidermal growth factor receptor) ont été décrites dès l’année 2004. Elles favorisent la croissance anarchique des cellules tumorales. En France, on les retrouve chez 10 % des patients. Plusieurs thérapies ciblées sont aujourd’hui disponibles pour les patients porteurs d’une mutation de l’EGFR.
Cancer — Wikipédia
Elles sont le plus souvent associées au tabagisme. Leur présence peut être prédictive de la non efficacité de certains traitements. Plusieurs molécules de la classe des inhibiteurs de tyrosine kinase ou des inhibiteurs de mTOR sont en cours d’évaluation clinique pour les tumeurs avec gène KRAS muté.
La protéine ALK est un récepteur à activité tyrosine kinase qui n’est normalement pas exprimé dans le poumon. C’est en 2007 qu’une équipe japonaise a identifié pour la première fois une fusion des gènes ALK avec EML4. Cette anomalie est due à une translocation au niveau d’un chromosome. La protéine ALK-EML4 qui en résulte possède des propriétés d’activation de la prolifération cellulaire. On retrouve une translocation ALK- EML4 dans 3 à 7 % des CBNPC, plus fréquemment chez les patients ayant un adénocarcinome et chez les patients non ou peu fumeurs.
Le récepteur MET est surexprimé dans un grand nombre de tumeurs solides. L’amplification du gène est également impliqué dans la résistance aux inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR chez les patients dont l’EGFR est muté.
Le Cancer Du Poumon Est Une Maladie Que L'on Ne Voit Pas, Mais Que L'on Peut Sentir Venir
La surexpression du récepteur HER2 est connue depuis longtemps dans le cancer du sein où elle apparaît dans environ 20 % des cas. Dans cette pathologie, des traitements ciblés par anticorps anti- HER2 ou inhibiteurs de tyrosine kinase ont fait la preuve de leur efficacité. Dans le cancer bronchique non à petites cellules, on retrouve la présence d’une mutation HER2 dans 2 % des cas.
Les mutations de BRAF ont premièrement été identifiées avec une fréquence élevée dans le mélanome, un cancer de la peau. Plusieurs molécules anti-BRAF ont été développées, et sont aujourd’hui disponibles dans l’indication du mélanome BRAF muté. Des essais sont en cours pour évaluer l’intérêt des inhibiteurs de BRAF dans le cancer bronchique non à petites cellules avec mutation BRAF.
La protéine ROS-1 est un récepteur à activité tyrosine kinase. Le gène codant cette protéine subit une altération génétique nommée translocation dans 1 à 2 % des cas de cancer bronchique non à petites cellules.
Les Différents Types Et Stades De Cancer Du Poumon
D’autres nouvelles cibles moléculaires ont été récemment identifiées dans les adénomes bronchiques, dont certaines peuvent être inhibées par des traitements ciblés, comme les réarrangements de RET et de NTRK.
D’autres altérations sont en cours d’identification et de description et pourraient à leur tour représenter des cibles thérapeutiques potentielles. La meilleure compréhension de la biologie des cancers bronchiques non à petites cellules permet de mettre en place une classification moléculaire en fonction de la présence ou non d’anomalies clés favorisant le développement du cancer.Le cancer du poumon atteint chaque année plus d'un million de personnes dans le monde et environ 49 000 en France. Le tabagisme en est le premier facteur de risque. À l'heure actuelle aucun dépistage systématique du cancer du poumon n'est proposé, car aucune méthode n'a encore pu faire la preuve de son efficacité.
Le cancer du poumon est le 4ème cancer le plus fréquent en France. Il touche davantage les hommes que les femmes (66 % d’hommes et 34 % de femmes). Son incidence est stable depuis 1980 chez l’homme mais en progression chez la femme du fait de l’augmentation du tabagisme féminin. Il peut atteindre des sujets jeunes (moins de 40 ans) car le tabac est parfois initié dès l’adolescence.
De Tous Les Cancers, Celui Du Poumon Est Le Plus Mortel
Le cancer du poumon est aussi appelé cancer bronchique. Il atteint les cellules des bronches ou les cellules qui tapissent les alvéoles pulmonaires. On distingue deux types de cancers bronchiques qui n’ont pas le même aspect au microscope et ne réagissent pas de la même façon aux traitements contre le cancer :
Si certains symptômes font suspecter un cancer pulmonaire, le médecin prescrit alors une série d’examens pour confirmer ou infirmer le diagnostic. Généralement sont réalisés un examen des crachats à la recherche de cellules malignes par microscopie, une radiographie et un scanner du thorax, et une fibroscopie bronchique qui permet de réaliser une biopsie (pour identifier le type de cancer) et de visualiser les bronches afin de préciser l’extension de la tumeur. Parfois une ponction transpariétale doit être effectuée (à l’aide d’une aiguille à travers la paroi du thorax) pour réaliser des prélèvements si la tumeur se situe à la périphérie du poumon et n’est pas accessible par fibroscopie.
Le diagnostic histologique par microscopie d’un fragment de tissu permet de distinguer le type de cancer bronchique (« non à petites cellules » ou « à petites cellules »).
Graphique: Les Cancers Les Plus Fréquents En France
Si le diagnostic de cancer bronchique est confirmé, d’autres examens sont nécessaires pour localiser d’éventuelles disséminations secondaires (métastases) dans l’organisme. Le médecin peut alors demander par exemple une scintigraphie osseuse, une échographie du foie, une échographie endo-oesophagienne, une angiographie pour visualiser une éventuelle atteinte de l’aorte et des vaisseaux pulmonaires, ou encore une médiastinoscopie à la recherche d’une atteinte des ganglions du médiastin.
Certaines tumeurs peuvent exprimer une mutation génétique. La recherche de ces mutations est réalisée via une biopsie des cellules cancéreuses (= prélèvement) qui est envoyée pour analyse à un laboratoire d’anatomopathologie. Le résultat permettra de mieux adapter le traitement en optant pour les thérapies ciblées, dont le rôle est de bloquer le mécanisme de croissance des cellules cancéreuses.
L’arrêt du tabac constitue toujours un point préalable au traitement. Les thérapeutiques choisies dépendent ensuite du type de cancer bronchique identifié « non à petites cellules » ou « à petites cellules », de son stade d’évolution et de l’état général du patient.
Cancer Des Poumons
Après les traitements un suivi médical sera mis en place, qui comprend des visites de contrôle en moyenne tous les 3 à 4 mois et un scanner thoracique tous les 6 mois.